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Interview : Alain Meslier, Délégué général de la Fédération des Ascenseurs

Rédaction : Claire Viel - Mise à jour : 08 octobre 2020 à 14h53

Temps de lecture estimé à : moins d'une minute

Alain Meslier, Délégué général de la Fédération des Ascenseurs

Regroupant près de 170 entreprises et leurs 17 000 salariés soit plus de 90 % de la profession, la Fédération des Ascenseurs a vocation à valoriser l’ascenseur et l’élévateur, ainsi que ses divers métiers sur l’ensemble du territoire. Véritable réponse aux problématiques d’autonomie et de mobilité, l’ascenseur est plébiscité par les Français qui le considèrent comme un indispensable du maintien à domicile.

Porte-parole des ascensoristes et élévatoristes, l’organisation œuvre pour représenter ses pairs et s’engage pour faire face aux enjeux d’accessibilité contemporains. Son Délégué général depuis 2015, Alain Meslier, revient sur les missions et les objectifs de la Fédération.

 

Quel rôle joue la Fédération des Ascenseurs vis-à-vis de la profession et des pouvoirs publics ?

Tout d’abord, peut-être étiez-vous loin de l’imaginer mais en 2020, la Fédération des Ascenseurs fête son 100e anniversaire ! Elle regroupe aujourd’hui près de 170 entreprises composées de PME et groupes répartis sur l’ensemble du territoire et représente ainsi 90 % du secteur.

Notre leitmotiv : des professionnels engagés au quotidien pour satisfaire les besoins de mobilité en garantissant une sécurité et une qualité de service inégalée ; des professionnels qui innovent pour créer, dès à présent, l’appareil et les services de demain, plus rapides, plus connectés, plus respectueux de l’environnement, mieux intégrés.

Pour optimiser les solutions de mobilité verticale pour tous les publics, la Fédération travaille de concert avec les acteurs du logement et de l’accessibilité : promoteurs et constructeurs, bailleurs sociaux, institutionnels, fédérations professionnelles, associations… pour faire de la mobilité verticale un levier des politiques de transformation de la ville d’aujourd’hui et de demain. Parmi nos diverses initiatives, on peut citer le lancement d’une auto-évaluation gratuite en ligne d’accessibilité́ afin d’identifier au sein d’un immeuble les plus-values et les points d’amélioration éventuels des parties communes et de l’ascenseur. Nous avons aussi conçu le guide gratuit du maintien à domicile Bien vieillir chez soi à destination des personnes âgées et personnes à mobilité réduite/handicapées ainsi que pour leurs proches.

Nous souhaitons développer ces solutions avec l’ensemble des parties prenantes pour inciter les pouvoirs publics à mener des politiques volontaristes en matière de mobilité et de transports verticaux, rapportées notamment à l’accessibilité des logements pour tous.

 

Ascenseur et élévateur, pourriez-vous nous expliquer la nuance ?

Oui bien sûr, et vos lecteurs peuvent retrouver des informations à ce sujet sur notre site ascenseurs.fr dans « Nos solutions pour la mobilité ». Ces deux équipements vont se différencier de par leurs caractéristiques techniques. On parlera d’ascenseur pour un bâtiment d’habitation collectif et d’élévateur privatif (ou bien encore de siège monte-escalier ou bien d’une plateforme élévatrice verticale, utilisable en extérieur pour franchir quelques marches).

L’élévateur ainsi que le siège monte-escalier s’installent sans lourds travaux en recourant à l’expertise de professionnels de notre secteur. Dans tous les cas, il est primordial de commencer par solliciter un diagnostic et un devis, pour établir le type d’usage voulu, selon la technologie d’appareil requise. L’installation d’un élévateur privatif demande peu de surface avec en moyenne 1,5 m2 nécessaires pour chaque étage desservi. Ses dégagements (en partie haute et basse) sont très réduits. Quant à son alimentation électrique, elle ne requiert pas d’équipement particulier, sa puissance étant généralement de quelques kilowatts.

Quant à l’installation d’un siège monte-escalier, qui permet le transport d’une personne assise, elle ne nécessite aucune adaptation du bâti existant : sa fixation s’effectue généralement dans les marches d’un escalier, droit ou tournant.

Pour l’ascenseur, projet de plus grande ampleur, son installation tiendra compte des éléments constructifs du bâtiment à équiper, de ses critères de sécurité et de son bilan énergétique global.

Point important : tous ces équipements doivent être marqués CE (conformité européenne). Ce marquage correspond à l’engagement du fabricant du strict respect des règles de sécurité et de protection de la santé inscrites dans la directive 2006/42 CE. Les appareils élévateurs sont soumis au taux réduit de TVA à 5,5 %*, y compris les travaux nécessaires pour leur installation et les frais d’entretien de l’appareil.

 

Quels sont les enjeux de l’innovation technologique en matière d’ascenseur ?

L’innovation technologique s’applique à plusieurs points en matière d’ascenseur : la sécurité et la performance, l’optimisation des flux d’usagers ainsi que la transition énergétique.

Tout d’abord la sécurité et la performance avec la maintenance prédictive, comme c’est le cas pour les ascenseurs et les escalators du tramway Ouest-Est de la ville de Nice. Récompensés lors des Trophées de l’ascenseur 2019, ces appareils sont contrôlés électroniquement 24h/24 et 7j/7 grâce à des technologies intégrées dites de maintenance prédictive qui permettent de donner l’état d’évolution progressive des équipements avant de potentielles pannes.

L’innovation technologique s’applique également à la gestion des flux des utilisateurs, pour réduire au maximum leur attente. Il s’agit dans ce cas de la prédestination et on la retrouve par exemple au CHU de Poitiers qui l’a retenue depuis un an pour faciliter les déplacements de son personnel et de ses visiteurs qui empruntent quotidiennement les ascenseurs du centre hospitalier. Cette technologie a aussi été récompensée aux Trophées de l’ascenseur 2019.

Enfin, le développement durable et la transition énergétique sont aussi un enjeu d’innovation technologique fort pour notre profession, qui tient compte depuis longtemps de l’impact environnemental dans l’évolution de ses machines. C’est ainsi que les ascenseurs ont déjà commencé leur transition énergétique : un ascenseur consomme aujourd’hui cinq fois moins que dans les années 60. Pour cela, notre secteur s’appuie sur des solutions innovantes en constante optimisation telles que l’éolien et le solaire ainsi que la régénération de l’énergie, avec l’adaptation instantanée de la consommation électrique au trafic et la mise en veille systématique lorsque l’ascenseur est à l’arrêt, la généralisation de l’éclairage par LED, le recours à de plus en plus de matériaux écoresponsables…

J’ajouterai un dernier point, essentiel, à cette question de la consommation électrique d’un ascenseur : rénover un appareil ancien permet de diminuer de 65 % sa consommation !

 

De quelle façon encouragez-vous et favorisez-vous les projets innovants ? Et comment tenez-vous compte des besoins des utilisateurs ?

Nous organisons chaque année depuis 2015 les Trophées de l’Ascenseur, que je viens d’évoquer. Ils ont pour vocation de mettre en lumière et de récompenser les installations les plus significatives de l’année en termes de services rendus d’accessibilité et de mobilité.

Et si l’innovation au sens de technologies est une des catégories de ces Trophées, des Trophées sont aussi remis dans cinq autres catégories : l’amélioration de la vie quotidienne, l’environnement et le développement durable, l’aménagement de l’habitat, le bien-vivre et l’accessibilité, l’architecture et l’intégration urbaine. Sans oublier un prix spécial du jury.

En 2019, les Trophées de l’Ascenseur dans la catégorie Amélioration de la vie quotidienne ont par exemple récompensé l’installation d’un siège monte-escalier dans une copropriété du Var au service d’une personne éprouvée par des soucis de santé afin de permettre son maintien à domicile et de faciliter ses déplacements à l’extérieur.

En 2018, ce même Trophée a été remis pour un projet en Moselle d’installation d’un élévateur dans la maison d’un couple de particuliers dont la santé se dégradait et altérait sa mobilité pour accéder aux étages de sa maison. Pour répondre à leur problématique, la solution déployée a été celle d’un élévateur hydraulique sur-mesure, tenant compte des dimensions de la cage d’escalier pour une parfaite intégration. Cet équipement est depuis utilisé au moins plusieurs fois par jour par ces particuliers et leur procure un confort et une amélioration de leur vie quotidienne indéniables. De la pensée de devoir vendre leur maison, cette famille est passée à « Chez moi c’est mieux ! ».

Et en 2017, le Trophée Prix spécial du jury était remis pour l’installation d'un siège monte-escalier en maison individuelle, là aussi dans le Var, au service d’une famille dont deux de ses membres sont à mobilité réduite. Ces personnes cherchaient une solution pour retrouver une autonomie de déplacement dans leur maison de trois étages desservie par un escalier intérieur en colimaçon. Un siège monte-escalier sur-mesure leur a été proposé, équipé d’une assise à pivotement et nivellement automatique assurant un trajet adapté à la courbure et à la pente du rail.

 

Avec l’augmentation du nombre de seniors au sein de la population française, avez-vous constaté une augmentation de la demande en ascenseur ?

En 2019, 13 100 ascenseurs neufs ont été vendus en France. Et le parc national compte aujourd’hui 570 000 appareils. Mais il faut l’admettre, notre pays reste globalement sous-équipé, avec 8 ascenseurs pour 1 000 habitants (et 50 % des Français en logement collectif non équipés) alors qu’en Italie le taux d’équipement s’élève à 16 ascenseurs pour 1 000 habitants et qu’en Espagne ce taux est trois fois supérieur à celui de la France. Notre retard est lié à des logiques historiques de construction de ville, mettant davantage l’accent sur la propriété individuelle (en pavillon ou en maison indépendante), à des choix politiques d’urbanisation et de métropolisation plus faible.

Pourtant la demande existe, preuve en est avec le baromètre Ipsos 2019 « Les Français et l’Ascenseur ». Pour bien vieillir chez eux, les Français placent l’ascenseur en choix d’équipement numéro 1. Face à l’allongement de la durée de vie de la population, ils considèrent qu’adapter son habitat est une solution majeure pour rester le plus longtemps possible dans son logement. Ils jugent, en 1er choix, que les trois équipements les plus utiles pour faciliter le maintien à domicile sont : l’ascenseur (33 %), la salle de bain adaptée (28 %) et le monte-escalier ou l’élévateur (en maison individuelle) (26 %). Ainsi, les Français sollicitent en priorité l’ascenseur et le monte-escalier ou l’élévateur avec un total de 72 % (contre 66 % en 2017) : un constat d’utilité et de nécessité sans appel.

 

En quoi l’ascenseur est-il un équipement essentiel au maintien à domicile ?

Le maintien à domicile plébiscité par la majorité des Français et la question de l’accessibilité des personnes à leur habitat sont une préoccupation majeure pour notre profession, consciente des enjeux liés à l’autonomie et la mobilité.

Dans ce contexte, l’ascenseur et les autres solutions de mobilité verticale, qui s’inscrivent comme des maillons essentiels qui relient le logement à la vie de la cité sont aussi, face au vieillissement de la population, un élément essentiel de l’adaptation de l’habitat. Ainsi, tout en améliorant la vie du quotidien et en permettant aux seniors de rester chez eux, les solutions de mobilité verticale contribuent à maintenir le lien social grâce à des déplacements facilités. Un tout indissociable…

C’est en ce sens que la Fédération des Ascenseurs édite le guide gratuit « Bien Vieillir Chez Soi». Ce guide, nous l’avons conçu pour faciliter l’adaptation du logement en termes de circulations verticales. Il permet aux seniors (ainsi qu’aux personnes en perte de mobilité) et à leur famille de faire un bilan de l’adaptabilité de leur habitat à la perte d’autonomie pouvant résulter du vieillissement ou du handicap. Pour cela, le guide regroupe l’ensemble des informations utiles pour juger de l’intérêt de la mise en œuvre de solutions simples et efficaces pour garantir l’accès en étage(s). Au-delà des réalisations techniques, il oriente également sur les aides existantes à ce jour pour faciliter la réalisation de ces travaux d’adaptation. Il souligne également qu’en 2018, seuls 6 % des logements étaient équipés pour le maintien à domicile. Voilà qui prête à réfléchir alors que la France est un pays qui vieillit où le challenge de l’avancée de l’âge nous fait face : la part des 75 ans que compte notre pays était de 9,1 % de la population en 2015 contre 6,6 % en 1990 ** (soit plus de 25 % en 25 ans). Certes, notre pays pourvoie à de nombreuses dépenses de santé mais il ne le fait pas (encore) suffisamment en matière de perte d’autonomie.

 

Que préconisez-vous à vos adhérents ainsi qu’aux utilisateurs afin de faire face à la crise sanitaire de la covid-19 ?

Face à l’épidémie de la covid-19, la profession des ascensoristes se mobilise au service des citoyens pour assurer le maintien en fonctionnement des ascenseurs, afin de permettre à nos concitoyens de conserver une accessibilité facilitée à leurs habitations, ainsi qu’aux lieux de travail restant autorisés en cette période difficile.

Le confinement dans les logements a rendu plus que jamais nécessaire un effort collectif pour respecter le bon usage des équipements et surtout éviter les actes de vandalisme.

Des centres d’appels jusqu’aux interventions des techniciens, les équipes sont sur le terrain et doivent être respectées dans leur travail et pour leur sécurité. Dans cette situation difficile pour les interventions, la Fédération des Ascenseurs rappelle le respect essentiel de la distance de sécurité d’un mètre entre les personnes.

Cette distance qui doit être appliquée par tous le sera par les techniciens lors de leur présence sur site et devra être respectée par les citoyens auprès de ces professionnels pendant leur intervention. La Fédération en appelle au civisme de chacun pour permettre aux professionnels d’exercer leur mission. Nous avons aussi appelé le Ministère de l’Intérieur et les forces de l’ordre à faciliter la circulation des véhicules d’intervention.

Enfin, en cette période de solidarité nationale face à la covid-19, les citoyens sont aussi invités à laisser un accès prioritaire à l’ascenseur aux personnes âgées et à mobilité réduite, en respectant entre eux cette même règle. Quitte à prendre l'ascenseur suivant pour que seules une à deux personnes y soient présentes par trajet.

* Selon les dispositions de l’article 278-0 bis du Code Général des Impôts en vigueur en 2017
** Source : Rapport Grand âge et autonomie porté par Dominique Libault - mars 2019

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