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Interview : L’engagement des Petits Frères des Pauvres contre l’isolement des seniors

Rédaction : Claire Viel - Mise à jour : 07 octobre 2021 à 09h37

Temps de lecture estimé à : moins d'une minute

Isabelle Sénécal Petits Frères des Pauvres

Le 30 septembre dernier, l’association des Petits frères des Pauvres a publié un rapport sur la solitude et l’isolement des plus de 60 ans.
Responsable du pôle plaidoyer de l’association, Isabelle Sénécal revient sur les résultats de cette étude ainsi que sur l’engagement de l’association pour lutter contre l’isolement des ainés.

 

Pouvez-vous présenter les Petits Frères des Pauvres ?

Les Petits Frères des Pauvres, c’est une association qui lutte contre l’isolement des personnes âgées, prioritairement les plus démunies, depuis plus de 75 ans.

 

De quelle manière l’association s’engage-t-elle concrètement pour lutter contre l’isolement des ainés ?

Les Petits Frères des Pauvres luttent contre l’isolement des personnes âgées avec un accompagnement régulier par bénévoles au domicile des personnes, en hébergement collectif, à l’hôpital, en foyer de vieux migrants, en prison : avec l’organisation de temps collectifs pour renouer le lien social et dans des périodes où l’isolement se fait encore plus sentir (pendant les vacances, à Noël...). En 2020, l’association a aidé près de 35 000 personnes dont 13 500 de façon régulière grâce à l’engagement de 13 800 bénévoles et 375 salariés.

Les Petits Frères des Pauvres sont aussi de fervents promoteurs de solutions alternatives d’habitat avec des pensions de famille pour les personnes en grande précarité, des petites unités de vie, une colocation Alzheimer.

Enfin, l’association a une mission de témoignage et d’alerte avec par exemple cette année la 2e édition de notre Baromètre sur la solitude et l’isolement des plus de 60 ans que nous avons publié ce 30 septembre.

 

Selon le baromètre 2021 sur la solitude et l’isolement, 530 000 personnes de plus de 60 ans sont en situation de « mort sociale ». Qu’est-ce que cela signifie ?

En effet, 530 000 personnes âgées en situation de mort sociale, c’est-à-dire sans ou quasiment sans contact avec leur famille, amis, voisins et le tissu associatif. Elles étaient 300 000 en 2017. 2 millions de personnes âgées sont isolées des cercles familiaux et amicaux, elles étaient 900 000 en 2017. 36 % des personnes âgées, soit 6,5 millions de personnes âgées ressentent de la solitude. Elles étaient 31 % en 2017.

 

On constate une augmentation considérable de ce chiffre depuis 2017. Quelles en sont selon vous les raisons ?

La crise exceptionnelle que nous traversons avec ses lots de confinements et de restrictions explique une partie de ces hausses, tout particulièrement pour les tranches d’âge en dessous de 80 ans qui ont vu leur vie sociale très réduite (des visites des familles et amis à la fréquentation des activités associatives). Cependant il serait hasardeux d’imaginer qu’elle en est la seule cause et que ce chiffre baissera naturellement lorsque la situation sanitaire redeviendra normale.

Les situations de mort sociale montrent bien que cet isolement extrême touche des personnes qui étaient déjà fragilisées : en perte d’autonomie, avec un tissu social faible, exclues du numérique, avec de faibles revenus. La crise sanitaire a également fait basculer de façon brutale et extrêmement rapide des personnes âgées dans l’isolement, avec un fort impact sur la santé physique et mentale (une personne âgée sur deux a ressenti un impact négatif sur son moral) et il sera très difficile pour ces personnes de retisser du lien social.

Enfin, il est primordial d’avoir à l’esprit que notre pays connaît une forte transition démographique avec une hausse importante pour les années à venir de la population du grand âge, une période de la vie qui est synonyme de la disparition de l’entourage (conjoint, amis), du vieillissement de ses proches, de problématiques de santé. Sans oublier une société qui n’est toujours pas adaptée au vieillissement en termes d’infrastructures (commerces, services, transports) mais aussi dans ses mentalités avec un fort âgisme qui incite les plus âgés et les plus vulnérables au repli sur soi et à l’isolement.

 

Quels types d’actions préconisez-vous pour lutter contre ce fléau ?

Notre Baromètre propose également tout un volet de préconisations comme inclure la variable de l’isolement relationnel dans les processus d’évaluation de la perte d’autonomie ou ne pas faire de l’isolement relationnel un nouveau business et ne pas proposer seulement une société de la surveillance des personnes âgées.

Nous invitons aussi à amplifier la mobilisation citoyenne, les Petits Frères des Pauvres ne peuvent seuls éradiquer ce fléau et c’est d’ailleurs le sens de notre kit d’entraide « chasseurs de solitude* » qui propose aux citoyens des outils, des clefs, des astuces pour aller à la rencontre d’une personne âgée isolée de son entourage, de son immeuble ou de son quartier.

* https://chasseurdesolitude.petitsfreresdespauvres.fr/kit.html

 

En quelle mesure la crise sanitaire a-t-elle impactée vos activités auprès des personnes âgées ?

L’association n’a cessé d’adapter ses actions au fil de ces 18 derniers mois pour maintenir coûte que coûte le lien social, dont nous avons tous compris, qu’il nous est vital. Chaque équipe a repensé sa relation d’accompagnement quand il n’était pas possible d’aller voir les personnes âgées que nous accompagnons : appels téléphoniques, envoi de cartes postales ou de lettres, visites sous les fenêtres, contacts numériques avec les personnes connectées.

Bien sûr, l’allègement des contraintes sanitaires et la possibilité de venir en aide aux personnes vulnérables ont permis aux bénévoles de reprendre les visites, les sorties dès que c’était possible et que les personnes accompagnées en émettaient le souhait. Nous avons pu, par exemple, maintenir des séjours de vacances à l’été 2020 et fêter Noël avec elles, deux moments de l’année où la solitude et l’isolement se font cruellement ressentir.

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