La prescription des aides techniques ouverte aux ergothérapeutes
Le 18 janvier 2021, le ministre des Solidarités et de la Santé Oliver Véran a annoncé la création d’un comité de pilotage destiné à améliorer l’accès aux aides techniques des personnes âgées et handicapées. Les principaux objectifs sont de proposer du matériel adapté aux patients afin de maintenir leur autonomie, de simplifier leur parcours d’accès et de réduire leur reste-à-charge. De nombreuses associations revendiquent depuis longtemps cette mesure et se réjouissent de cette nouvelle. Qu’en est-il vraiment ?
Qu’est-ce qu’une aide technique ?
Une aide technique est destinée aux personnes âgées dépendantes ou en situation de handicap quel qu’il soit. Elle peut prendre diverses formes : un dispositif, un équipement comme une aide au transfert ou à la levée, un fauteuil roulant, une canne ou encore un déambulateur.
Ces équipements sont préconisés dans le but d’améliorer la qualité de vie des PMR (personnes à mobilité réduite) en maintenant leur autonomie et en assurant leur sécurité. Ils peuvent être achetés ou loués en fonction des critères de chacun.
Les objectifs du comité de pilotage
Les personnes handicapées ou vieillissantes doivent pouvoir accéder facilement aux aides techniques. Or, jusqu’à maintenant, elles rencontrent des difficultés pour obtenir un matériel adapté, le parcours étant semé d’embûches.
Le comité de pilotage mis en place s'inscrit dans la continuité du rapport Denormandie-Chevalier d’octobre 2020 qui préconise une réforme structurelle indispensable au vu de la situation actuelle qualifiée d’« inacceptable » par Olivier Véran, qui pour y remédier, a annoncé une réforme ambitieuse.
L’objectif ? « Réduire les restes à charge, accélérer le financement, proposer des aides techniques de qualité, s'engager dans la voie d'une économie circulaire et aussi, proposer des formations adaptées aux professionnels qui interviennent dans ce parcours ».
L’installation de ce comité de pilotage a déjà permis de faire le point sur l’avancement de cinq grands axes de travail qui sont :
- L’information, l’évaluation et l’accompagnement des personnes âgées ou handicapées, avant la prescription jusqu’à l’utilisation du matériel,
- L’évolution des financements,
- L’amélioration de la qualité de service,
- La mise en place d’un pilotage permettant une meilleure organisation territoriale,
- Le renforcement du repérage et accès aux innovations, le développement de la recherche.
Les ergothérapeutes peuvent désormais prescrire
Le rôle de l'ergothérapeute
Ces professionnels de santé interviennent auprès des personnes invalides, handicapées, malades ou âgées en perte d’autonomie. Ils effectuent un accompagnement personnalisé des patients qui rencontrent des difficultés dans l’accomplissement de gestes simples au quotidien, telles que les seniors.
Cet accompagnement est établi à partir d’un bilan effectué sur le lieu de vie du patient. En fonction des capacités physiques et psychiques de la personne, de ses problématiques et de son environnement, l’ergothérapeute le guide pour l'aider à recouvrer certaines capacités mais aussi pour compenser les difficultés rencontrées. C’est dire si leur rôle de rééducation est important quand la maladie, le handicap ou la vieillesse sont présents, et ce, tant à l’hôpital, en EHPAD (Établissements d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes) qu’à domicile.
Application de la réforme, étape 1
Dès le deuxième trimestre 2021, ces professionnels exerçant généralement en équipes pluridisciplinaires pourront prescrire des aides techniques aux patients qui en ont besoin, comme un fauteuil roulant électrique spécialement adapté à un type de pathologie, un lève-personne, un téléphone avec amplificateur de son et touches grand format, etc. La prescription ouverte aux ergothérapeutes est la première étape de cette nouvelle réforme devant faciliter l'accès aux aides techniques.
Les autres étapes de la réforme
- Une expérimentation nationale sera mise en place à l’été 2021. Elle s'appuiera sur un appel à projets lancé en février et prendra la forme de la mise en place de dix équipes locales d'expertise, déployées sur tout le territoire, pour accompagner les personnes dans la durée, depuis l'analyse des besoins jusqu'à l'utilisation des équipements spécifiques.
- La fin de cette année devrait voir aussi l'instauration d'une meilleure prise en charge des fauteuils roulants spécifiques, manuels ou électriques, par l'assurance maladie.
Selon Olivier Véran, cette réforme ambitieuse, devrait porter ses fruits dès la fin d'année pour « réduire les reste-à-charge, accélérer le financement, proposer des aides techniques de qualité adaptées au besoin de chacun, s'engager dans la voie d'une économie circulaire et proposer des formations adaptées aux professionnels qui interviennent dans ce parcours. »
Avec ce comité de pilotage, le Gouvernement veut s’engager et suivre les étapes de cette réforme. Destinée à favoriser l’autonomie des personnes âgées dépendantes ou en situation de handicap, c’est une réforme à suivre de près.