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Interview : Florine Massard, une ergothérapeute spécialiste des seniors

Rédaction : Claire Viel - Mise à jour : 21 octobre 2021 à 11h46

Temps de lecture estimé à : moins d'une minute

Florine Massard, ergothérapeute

Ergothérapeute libérale dans le Rhône, Florine Massard s’est spécialisée dans l’accompagnement des adultes et des seniors à domicile.
Collaboratrice éditoriale de Bonjour senior, la praticienne revient sur son parcours et sa pratique de l’ergothérapie.

 

Comment définiriez-vous l’ergothérapie ? Quels sont ses grands objectifs ?

L’ergothérapie est une profession de santé centrée sur des techniques rééducatives et réadaptatives. En tant qu’ergothérapeute, je vise à favoriser le maintien de l’indépendance fonctionnelle et de l’autonomie décisionnelle des personnes dans la réalisation de leurs activités de la vie quotidienne.
Le public auquel s’adresse l’ergothérapeute est large. Il peut être sollicité dans un cadre préventif, afin de prévenir la perte d’indépendance liée à l’âge par exemple, mais c’est le plus souvent dans un contexte thérapeutique. L’ergothérapeute peut ainsi intervenir auprès des enfants, des adultes et des seniors.
Les champs d’exercices s’étendent des services de rééducation, en passant par les services d’hospitalisation de psychiatrie, cancérologie… mais également en lieu de vie comme dans les EHPAD, les résidences autonomie ou encore à domicile. L’ergothérapeute réalise une évaluation holistique afin d’identifier les capacités préservées et mobilisables conjointement aux difficultés causées par les troubles, et aux contraintes environnementales.

Dans le cadre de la rééducation, la spécificité de l’ergothérapeute réside dans sa capacité à proposer une activité médiatrice comme support thérapeutique.

Et puis, ce qui marque la particularité de l’ergothérapeute, c’est son expertise en réadaptation. C’est le professionnel de référence en matière d’aménagement du logement et du conseil en aides techniques. En effet, il n’est pas rare que la réalisation des tâches quotidiennes nécessite une adaptation de l’environnement lorsque les capacités ne sont pas restaurées.
L’ergothérapeute conduit alors une évaluation aboutissant à des préconisations, afin que le lieu de vie soit sécurisé et optimisé de façon à maintenir une qualité de vie et une indépendance optimales.

 

Comment êtes-vous devenue ergothérapeute ? Comment avez-vous découvert cette profession de santé ?

Très tôt, j’ai souhaité m’orienter vers une profession médicale. De plus, j’appréciais les activités manuelles, le bricolage, les constructions. Il était important et agréable pour moi que ma chambre soit organisée de manière pratique de façon à optimiser mon espace et ma productivité.

Aussi, au cours de ma première année de médecine, j’ai découvert les professions paramédicales et je me suis alors documentée sur les professions d’ergothérapeute et de psychomotricienne, que je ne connaissais pas jusqu’alors. J’ai par la suite souhaité effectuer une journée d’immersion professionnelle avec un ergothérapeute.

J’ai immédiatement été attirée par la pratique de l’ergothérapeute, avec la conduite d’une évaluation centrée sur « la vie concrète » des patients et sur leurs difficultés impactant directement le quotidien. La possibilité de réaliser des mises en situation avec le patient et de proposer des essais d’aides techniques apportant des solutions rapides et efficaces, c’est cette particularité de la profession qui m’a convaincue.
La profession d’ergothérapeute nécessite des capacités d’observation et d’analyse, un esprit pratique, mais également d’être à l’écoute, tout en maîtrisant un large champ de connaissances allant du domaine médical au social.

J’ai ainsi intégré une classe préparatoire aux concours paramédicaux pendant un an, puis rejoins l’institut de formation en ergothérapie de l’ADERE à Paris pendant 3 ans.

 

Pourquoi vous être spécialisée dans le maintien à domicile des adultes et des seniors ? Quelles sont les spécificités de ces publics ?

Dès mon premier poste, j’ai choisi de m’orienter vers le domicile en intégrant l’hospitalisation à domicile de l’AP-HP.

Pour moi, l’intérêt spécifique de l’ergothérapeute pour l’environnement prend tout son sens lorsqu’il agit directement au domicile : pour mesurer l’impact des déficiences sur la vie quotidienne, il est fondamental d’intervenir au sein même du lieu de vie où elles sont réalisées. Cela permet des observations et des mises en situation concrètes et réalistes, qui permettront d’aboutir à des préconisations individualisées.

J’ai porté mon intérêt vers le public adulte et âgé car les échanges ont directement lieu avec la personne concernée par le projet. C’est une population d’individus avec une histoire, un vécu, des valeurs et des projets qui vont impacter l’accompagnement. Les personnes adultes et âgées ont généralement conscience de leur avancée en âge et du déclin à venir de leurs capacités, de manière inéluctable. Les conseils visent donc à préserver l’indépendance et le confort à court terme, mais également dans une démarche de prévention et d’anticipation.

 

Quelles sont les problématiques les plus fréquentes que vous rencontrez chez les seniors ?

La plupart des demandes que je reçois concernent la sécurisation de la salle de bain. C’est une pièce particulièrement dangereuse où les chutes sont fréquentes. Avec la baisse de l’acuité visuelle, les troubles articulaires et musculaire, il apparaît indispensable de sécuriser l’accès à la baignoire ou à la douche. Pour cause, la toilette est une activité de la vie quotidienne qui touche à l’intimité profonde de la personne et qui représente un enjeu majeur de l’autonomie.

Je suis aussi fréquemment sollicitée dans le cadre du risque ou d’antécédent de chute à domicile. Avec le vieillissement, certaines habitudes et certains objets qui semblaient autrefois anodins sont devenus de véritables dangers. C’est pourquoi une évaluation multidimensionnelle et personnalisée est indispensable au sein même du lieu de vie, afin d’identifier les risques et de les éviter.

 

Quels types d’actions et d’interventions menez-vous pour accompagner vos patients ?

Toute intervention débute par une évaluation des capacités et des difficultés rencontrées par la personne.

Concrètement, il s’agit de questionner et d’observer l’impact des troubles sur la réalisation des actes de la vie quotidienne. Divers domaines de la vie courante sont ainsi passés en revue : la toilette, l’habillage, la préparation des repas, l’entretien du logement… Les troubles peuvent porter atteinte aux fonctions motrices et cognitives, il s’agit donc de considérer ces deux aspects.
Pour compléter l’évaluation, il peut être utile de réaliser des mises en situation : demander à la personne de montrer comment une tâche est effectuée.

Puis au regard de ces éléments, plusieurs types de préconisations sont identifiées. Dans un premier temps elles sont explicitées à l’oral, puis formalisées sous la forme d’un compte-rendu détaillé à la suite de la visite.

Il peut s’agir par exemple de conseiller d’investir dans des aides techniques, comme une planche de bain et un marchepied pour faciliter l’accès à une baignoire. Il est également fréquent de préconiser des aides techniques à la marche tels qu’une canne tripode ou un déambulateur, ou encore des aides aux transferts comme un rehausseur de WC et des barres d’appui. Il existe de nombreuses solutions pour palier la perte d’indépendance dans les actes de la vie quotidienne (repas, habillage, loisirs…).

Régulièrement, les préconisations portent sur l’aménagement du logement : l’adaptation de la salle de bain avec une douche sécurisée. Des plans précis sont alors nécessaires et viennent compléter le rapport de l’ergothérapeute, car ces éléments sont indispensables pour pouvoir solliciter des aides financières pour la réalisation des travaux. Il en est de même pour les monte-escaliers, ou encore les plateformes élévatrices.

Mais aussi, je peux apporter des conseils concernant les habitudes de vie comme la réorganisation des rangements et des placards afin de limiter les douleurs articulaires, ou encore un entraînement aux gestes de manutention sécuritaires pour permettre à un aidant de se protéger lors d’une aide au transfert.

Il n’est pas rare non plus de proposer des aides humaines, comme par exemple la mise en place d’auxiliaires de vie, mais également d’autres professionnels ou structures comme un orthophoniste, un accueil de jour ou encore une équipe mobile.

 

Quelles sont selon vous les priorités à mettre en œuvre pour soutenir le maintien à domicile des seniors ?

Selon moi, il est crucial de considérer l’accroissement du nombre de personnes âgées et de prendre en compte leur souhait qui semble être de demeurer le plus longtemps possible à domicile.
Dans cette optique, il me semble indispensable de valoriser les interventions et les intervenants du maintien à domicile.

Demeurer à domicile nécessite en effet d’avoir la possibilité de recevoir et d’accueillir des professionnels spécialisés pour les soins (médecins, infirmières), pour le soutien dans les tâches quotidiennes (aides-soignantes, aides ménagères, auxiliaires de vie), les tâches administratives (CESF, assistantes sociales), de bénéficier d’un soutien moral (psychologues), d’un maintien et d’un entretien des capacités (ergothérapeute, kinésithérapeute, orthophoniste, psychomotricienne), d’équipes mobiles spécialisées et de professionnels sensibilisés à leurs besoins (pédicures, coiffeuses à domicile, socio-esthéticiennes, art thérapeutes…).

Tous ces professionnels et bien d’autres non cités sont une ressource et un appui fondamental pour les aidants et leur proche en difficulté.

C’est pourquoi à mon sens, il faut encourager les mesures qui visent à favoriser le développement et l’accès aux aides et aux soins prodigués à domicile.

En ce sens, il me paraît alors évident d’envisager la possibilité d’aider les bénéficiaires qui le souhaitent à financer ces aides, et notamment l’ergothérapie à domicile.

Retrouvez le site de Florine Massard : https://fmassard-ergo.fr/

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