Les personnes âgées en EHPAD plus défavorisées et plus dépendantes

Les résidents d’EHPAD plus isolés et plus défavorisés

La DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) a réalisé une étude comparative entre deux catégories de personnes de plus de 60 ans : les résidents d'un EHPAD et les personnes vivant à leur domicile.

Les constats de la DREES sont sans appel : les personnes âgées vivant en structure médico-sociale sont plus isolées, plus dépendantes et plus pauvres que celles qui vivant à domicile. Pourquoi une telle différence ?

Les causes sont nombreuses et peuvent être classées en deux points principaux :

• Une dépendance physique ou psychique : La personne présente une démence, des troubles moteurs…
• Une vulnérabilité sociale et une petite retraite : difficultés d'insertion, milieu défavorisé, pas de lien familial (pas de conjoint, d'enfant ou de petit-enfant)

Cette étude de la DREES met en lumière les causes des disparités entre personnes âgées. La dépendance physique est certes un facteur central dans l'isolement des seniors mais le contexte social est également un élément prépondérant du « bien vieillir ».

Des personnes âgées plus dépendantes en EHPAD qu’à domicile

D’après la DREES, la perte d’autonomie des résidents en EHPAD s'est accélérée entre 2011 et 2019. La moitié des personnes âgées de moins de 70 ans vivant en établissement présentent des difficultés motrices et/ou souffrent d'un trouble cognitif (Alzheimer, Parkinson…). Cela s’explique souvent par le fait que ces personnes ont moins d’interactions avec le monde extérieur ou qu'elles sont issues d'un milieu social défavorisé.

En revanche, on constate que les problèmes cognitifs sont moins fréquents chez les personnes qui vivent à domicile. Les raisons sont multiples mais le fait de mener une vie sociale active tend à expliquer le phénomène. Il peut s’agir de seniors vivant en couple, à proximité de leurs enfants, de personnes issues d’un milieu aisé, d’individus accompagnés par des services d’aide à domicile, de personnes âgées pratiquant du sport ou des loisirs…

Ce constat de la DREES conduit à se poser deux questions :

• Comment les EHPAD peuvent-ils créer un environnement plus favorable au bien-être des personnes du troisième âge ?
• Quelles sont les conditions concrètes pour favoriser le maintien à domicile de nos ainés ?

Anticiper pour impulser le virage domiciliaire

L’objectif du Gouvernement est d’anticiper le vieillissement de la population et de prévoir des dispositifs pour favoriser le maintien à domicile. Des aides financières telles que l’APA (Allocation Personnalisée d’Autonomie) existent déjà mais elles ne sont pas suffisantes. C’est d'ailleurs l’une des mesures phares de la loi de financement pour la Sécurité sociale pour 2022 : la fixation d’un tarif socle pour l'APA à 22 € de l’heure. On pense également à l’attente autour du déploiement de Ma prime Adapt, l’aide financière pour adapter les logements prévue pour 2024.

Outre les aides financières, le secteur de l’aide à domicile manque cruellement de bras, notamment en milieu rural. La promotion du métier et la revalorisation des salaires de ces professionnels apparaissent de ce fait primordiales. Pour les personnes les plus dépendantes, des soins infirmiers sont très souvent nécessaires pour rester à domicile. Là encore le secteur peine à recruter. Plusieurs pistes sont explorées par le gouvernement pour dynamiser le métier.

Vieillir à domicile est une orientation de l'état mais également une forte demande de la part des personnes vieillissantes. C'est pourquoi, les statistiques de la DRESS permettent de poser les bonnes questions afin d’apporter des réponses concrètes au « bien vieillir ».