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Crise des urgences, vers une meilleure prise en charge des personnes âgées

Rédaction : Aline Garcia - Mise à jour : 06 septembre 2019 à 13h48

Temps de lecture estimé à : moins d'une minute

Crise des urgences et personnes âgées

Depuis près de six mois, les services d’urgences français sont frappés par un mouvement de grève sans précédent. Cette contestation qui a débuté à l’hôpital Saint-Antoine de Paris mobilise à ce jour près de 250 services d'urgences. Quelles sont les raisons à cette colère ? Quelles réponses sont apportées par les pouvoirs publics face aux revendications des personnels ? Et comment assurer la prise en charge des plus fragiles dans les situations d’urgence, en particulier des personnes âgées ? Retrouvez notre éclairage sur le sujet.

 

Les urgences saturées, un manque de lits dans les hôpitaux

Le mouvement de grève des urgences a débuté en mars 2019 à la suite de plusieurs agressions des personnels, certaines ayant entraînées des Incapacités Temporaires de Travail (ITT). Excédés, les hospitaliers mettent en cause la saturation du service. Le nombre de patients pris en charge aux urgences en France a doublé entre 2006 à 2016, passant de 10 à 21 millions. Sur la même période, les effectifs pour accueillir les malades n’ont, quant à eux, que très peu évolué. De plus en plus long, les temps d’attente des usagers génèrent impatience et frustration et se traduisent parfois par des incivilités.

Les soignants en souffrance, doivent faire face à cette colère, mais également au manque de moyens pour prendre en charge des malades. L’insuffisance de places d’accueil se fait en effet fortement ressentir dans les hôpitaux de France. En 20 ans, ce sont près de 100 000 lits qui ont été supprimés, soit un sur cinq, ce qui engorge d’autant plus les urgences. De nombreux patients se retrouvent sur un brancard dans les couloirs dans l’attente qu’une place se libère dans un service traditionnel. Si les revendications des urgentistes sont nombreuses, la principale demande concerne donc le manque de personnels et le manque de lits.

 

La difficile prise en charge des seniors aux urgences

D’autres difficultés entrent en ligne de compte. La priorisation des patients en fonction de la pathologie mais aussi de l’âge constitue un enjeu crucial. Un grand nombre de personnes ont tendance à se rendre aux urgences, service gratuit, pour des problèmes bénins plutôt que de consulter leur médecin traitant. On le constate particulièrement en période d’épidémie de grippe ou de gastro-entérite. Le temps d’attente généré pour l’ensemble des usagers est d’autant plus conséquent. Or, cette attente peut se révéler préjudiciable car le pronostic vital de certains patients est parfois engagé.

Les aînés sont les premiers touchés par cette difficulté. Avec une santé plus fragile, les seniors nécessitent généralement une prise en charge plus complexe. D’après une étude de la DRESS (Direction de la Recherche, des Études, de l'Évaluation et des Statistique), le temps de passage aux urgences se révèle plus long pour une personne âgée –4 h en moyenne pour les patients de plus de 75 ans contre 2h10 pour les 15-74 ans–. Cela s’explique notamment par la nécessité de réaliser des examens plus poussés pour les sujets concernés par des situations de dépendance mais aussi par plusieurs maladies. Suite à leur passage aux urgences, une personne âgée sur cinq séjourne en Unité d’Hospitalisation de Courte Durée (UHCD), contre une sur treize pour les 15-74 ans, avec comme conséquence un allongement du temps de passage à 8h pour les seniors. Zone de surveillance du service des urgences, l’UHCD permet d’orienter un patient vers une autre unité médicale, de le faire patienter dans l’attente de la libération d’un lit en service classique ou de décider de son retour au domicile.

 

Les annonces d’Agnès Buzyn pour répondre à la crise

Face à cette crise, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a fait plusieurs annonces le 2 septembre dernier afin de « refonder le modèle de soins d’urgences ». Ces mesures ont pour priorité de désengorger les services d’urgences. Retour sur les quatre grandes propositions de la ministre :

  • Permettre aux pompiers ou aux ambulanciers d’orienter les patients vers un médecin plutôt que vers les urgences en cas de problème bénin.
  • Mise en place d’une filière d’admission directe des personnes âgées afin de leur éviter un passage et une attente trop longue aux urgences.
  • Création de postes d’infirmiers avec compétences élargies via une formation professionnelle complémentaire de deux années. Cela permettrait à ces personnels d’exercer des missions jusqu’ici réservées aux seuls médecins (prescriptions d’examens, renouvellement d’ordonnances, réorientation vers un service spécialisé ou un médecin…).
  • Mise en place de la vidéo assistance dans les Etablissements Hospitaliers pour Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD) en liaison avec le SAMU. Le but est de permettre des consultations à distance grâce à la télémédecine afin d’éviter un transfert systématique vers les urgences.

Ces propositions doivent faire l’objet d’une concertation avec l’ensemble des partenaires sociaux le 9 septembre prochain.

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