Maladies neurodégénératives : la France déploie sa stratégie pour répondre à l’urgence

Le Gouvernement français a dévoilé sa Stratégie nationale des Maladies Neurodégénératives (MND) 2025-2030, une feuille de route ambitieuse pour mieux prévenir, diagnostiquer et accompagner les personnes touchées et leurs proches. D’ici 2050, le nombre de malades pourrait en effet doubler, une perspective qui impose d’anticiper dès aujourd’hui leur prise en charge.
Affections neurodégénératives : des chiffres alarmants
Près de 1,5 million de personnes en France vivent aujourd’hui avec une maladie neurodégénérative, qu’il s’agisse de la maladie d’Alzheimer, de la maladie Parkinson ou encore de la sclérose en plaques. Ces pathologies, souvent associées au grand âge, touchent en réalité toutes les générations.
Selon les projections, le nombre de personnes touchées pourrait dépasser 3 millions d’ici 2050, transformant les affections neurodégénératives en l’un des plus grands défis de santé publique des prochaines décennies. La hausse du nombre de malades est directement liée au vieillissement de la population, alors que les plus de 85 ans seront deux fois plus nombreux à cette échéance.
Si près d’un cinquième des plus de 80 ans est aujourd’hui concerné, plusieurs dizaines de milliers de jeunes adultes sont également touchés. Cette réalité rappelle que ces maladies ne sont pas uniquement liées à l’âge, mais qu’elles frappent aussi des personnes en activité, bouleversant leur vie professionnelle, familiale et sociale.
6 grands axes pour prévenir et prendre en charge ces pathologies
Pour faire face à la progression des maladies neurodégénératives, cette stratégie propose 37 mesures autour de 6 axes destinées à répondre aux défis de la prévention, de la prise en charge et du soutien aux aidants.
1- Changer le regard sur les maladies neurodégénératives
Afin d’informer davantage et de rompre avec les stéréotypes, des campagnes nationales de sensibilisation seront déployées, et les personnels de première ligne (santé, services publics, accueil) bénéficieront de formations renforcées. L’objectif est de lutter contre la stigmatisation et de construire une société plus inclusive, où ces maladies ne sont plus synonymes d’isolement et de fatalité.
2- Prévenir et détecter les premiers signes
Un diagnostic précoce améliore la qualité de vie et permet une prise en charge adaptée dès les premiers symptômes. La stratégie prévoit ainsi de renforcer les consultations mémoire et de développer des outils comme le programme ICOPE, qui vise à repérer les signes de fragilité chez les plus de 60 ans.
La prévention repose aussi sur des mesures de santé publique : activité physique, nutrition équilibrée, lutte contre l’isolement social et les facteurs de risque cardiovasculaires.
3- Améliorer la prise en charge et soutenir les aidants
Un volet majeur de cette feuille de route est consacré aux aidants. En France, plus de 10 millions de personnes accompagnent au quotidien un proche malade, dont environ 2,5 millions soutiennent une personne atteinte de maladie neurodégénérative.
La stratégie prévoit pour eux un soutien renforcé : dispositifs de répit, accompagnement psychologique et de relais à domicile pour limiter l’épuisement.
4- Renforcer l’accompagnement à domicile
Le maintien à domicile est une priorité pour préserver la qualité de vie et retarder l’entrée en établissement. Les actuelles équipes spécialisées Alzheimer évolueront en équipes spécialisées Maladies neurodégénératives (ESMND), avec un doublement de leurs interventions.
Le développement des accueils de jour, de l’hospitalisation à domicile et de centres de ressources territoriaux doit garantir un accompagnement de proximité.
5- Adapter les établissements aux besoins
Les structures médico-sociales, en particulier les EHPAD (Établissement d'Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes), doivent être adaptées pour une meilleure prise en charge des troubles cognitifs et moteurs.
La stratégie prévoit la généralisation des pôles d’activités et de soins adaptés, afin de proposer une prise en charge individualisée et mieux calibrée aux besoins des résidents.
6- Accélérer la recherche et l’innovation
Dernier axe mais non des moindres : la recherche clinique et l’innovation thérapeutique. Le plan met l’accent sur le soutien aux essais cliniques et sur le développement de nouvelles approches, qu’elles soient médicamenteuses ou technologiques, pour améliorer les perspectives de traitement.
Recherche, innovation et adaptation : les piliers de la stratégie
Pensée comme un dispositif évolutif, la Stratégie nationale des Maladies neurodégénératives 2025-2030 sera régulièrement évaluée et adaptée en fonction des avancées scientifiques, des innovations thérapeutiques et des besoins exprimés sur le terrain.
Sa réussite dépendra avant tout d’une mobilisation collective, associant l’État, les professionnels de santé, les chercheurs mais aussi les aidants et les familles, en première ligne face à ces pathologies.
📌 État des lieux des affections neurodégénératives
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