Accessibilité : le monte-escalier, un équipement de zone rurale
Dédié aux personnes âgées en perte d’autonomie, le monte-escalier est l’un des équipements phares du maintien à domicile. Afin de mieux comprendre ses usages, nous avons étudié les 1 000 dernières demandes de monte-escalier reçues sur Bonjour senior.
Le cadre de notre étude
Cette étude s’appuie sur la typologie des 1000 profils de personnes qui ont fait une demande de monte-escalier sur notre site depuis le début de l’année 2021. Où résident-elles ? Quel type d’équipement ont-elles demandé ? Pour équiper combien d’étages ?
Afin d’analyser nos données, nous avons classé les différents territoires en fonction du nombre d’habitants comme seul indicateur de la typologie d’un territoire en nous appuyons sur le recensement INSEE (Institut National de la Statistique et des Études Économiques) de la population datant de 2017. Nous tenons à rappeler que la définition d’un territoire est bien plus complexe car il prend en compte beaucoup d’autres critères tels que l’influence d’un grand pôle urbain, la répartition des écoles, le réseau de transport, la continuité du bâti…
Ainsi, bien que ces termes paraissent de plus en plus obsolètes, nous avons décidé d’utiliser les termes suivants par souci de simplicité :
- Village : moins de 2000 habitants
- Bourg : entre 2001 et 5000 habitants
- Petite ville : entre 5001 et 20 000 habitants
- Moyenne ville : entre 20 001 et 50 000 habitants
- Grande ville : entre 50 001 et 200 000 habitants
- Métropole : plus de 200 000 habitants
Le profil des demandes de monte-escaliers sur Bonjour senior
Plusieurs constats font jour dans les chiffres des demandes que nous avons reçues.
La géographie du monte-escalier
Équipement plébiscité dans les zones rurales, 43 % des requêtes de monte-escalier ont été réalisées pour des personnes résidant dans un village (moins de 2 000 habitants). On constate globalement que plus le territoire se densifie moins il y a de besoin pour un monte-escalier, exception faite des petites villes dont la demande est légèrement supérieure à celle des bourgs, 18,6 % contre 16,6 %. Il est intéressant de noter que les bourgs et les villages concentrent à eux seuls près de 60 % des demandes.
Les villes moyennes regroupent quant à elle 10,4 % des demandes et les grandes villes 8 %. 3 % seulement des besoins concernent les métropoles.
Concernant la distribution géographique, on constate que les secteurs qui concentrent le plus de demandes de monte-escalier sont situés dans le nord-est et le sud-est, avec les départements du Nord (3,9 % des demandes), l’Hérault (3,8 %), les Bouches du Rhône (3,8 %), la Moselle (2,6 %), le Var (2,5 %) et l’Essonne (2,3 %).
Le monte-escalier intérieur tournant pour un étage, le plus courant
Près de 92 % des demandes reçue concernent un dispositif pour l‘intérieur du domicile contre seulement 8 % pour un monte-escalier extérieur.
Près de 59 % des personnes demandent l’installation d’un monte-escalier tournant (59 %). 34 % concernent l’équipement d’un monte-escalier droit et seulement 7 % pour un escalier colimaçon. On note par ailleurs que 93,5 % des dispositifs sont installés pour équiper un seul étage, environ 5 % pour gravir deux étages et moins de 1 % pour des déplacements sur plus de deux étages.
Où vivent les seniors ?
Selon l’INSEE, au 1er janvier 2018, la France comptait un peu plus de 67 millions d’habitants avec une population vieillissante. Les personnes âgées de plus 65 ans représentaient 19,6 % contre 18,8 % en 2016. Leur part a augmenté de 4,1 points en 20 ans.
On constate ensuite l’actuel mouvement de métropolisation, soit « la concentration croissante des activités et des hommes dans les agglomérations les plus importantes ». Les villes sont en effet plus attrayantes grâce à la diversité des biens et services offerts, ainsi qu’un fort taux d’emploi. De ce fait, la moyenne d’âge des espaces ruraux augmente à cause, entre-autre, du manque d’emploi. Les territoires qui proposent un marché du travail plus dynamique et offrent des perspectives d’emploi diversifiées sont nettement moins vieillies. C’est le cas de l’Ile de France (15 % de retraités en 1999) ou de l’Alsace (18 %).
Les plus fortes proportions de retraités par rapport à la population totale sont quant à elles concentrées dans les départements ruraux. Il s’agit de ce que l’on appelait autrefois « la diagonale du vide ». Celle-ci s’étend des Pyrénées jusqu’aux plateaux de l’Est, ainsi que le long de la bordure méditerranéenne.
Avec l’allongement de l’espérance de vie, les seniors ont tendance à « changer de vie » après la retraite. Il s’agit d’un nouveau départ pour 2,9 millions de retraités qui partent pour un autre département. Ils n’hésitent plus à migrer, notamment dans le sud de la France et l’Ouest, en quête de soleil et de nouvelles conditions de vie, loin des grandes métropoles (Paris, Lyon, Marseille…). Les seniors recherchent pour leur nouvelle destination, un accès au foncier et la présence de services. Certains font le choix d’habiter près d’un pôle urbain ou de communes de couronnes périurbaines. C’est le cas pour les retraités qui s’installent près de Bordeaux, de Nice ou encore de Nantes.
D’autres migrent vers les espaces à dominante rurale, manifestant un « désir de campagne ». Ils recherchent ainsi du calme et de la tranquillité et un climat plus clément. Nous observons par exemple le départ de beaucoup de retraités qui quittent les régions fortement urbanisées du Nord ou de l’Est et s’installent dans le Massif-central. En espace à dominance rurale, un quart des personnes sont d’ailleurs des retraités. En milieu urbain, on ne trouve que 17 % de seniors. Certains retraités « retournent au pays » pour s’installer dans leur résidence secondaire ou dans une maison de famille héritée.
On constate qu’après 75 ans, la mobilité devient différente. Elle est davantage liée à une recherche de proximité des services et des équipements sanitaires et sociaux, souvent pour s’installer en maison de retraite ou un logement pour personnes âgées. Il n’est alors plus question d’investir dans un monte-escalier.
Le monte-escalier, des disparités en fonction des territoires
Notre étude met en exergue les fortes disparités de territoires en termes de besoins de monte-escalier. Les zones rurales concentrent l’essentiel des demandes. Cet état de fait peut être mis en lien avec plusieurs constats.
D’une part, les territoires les moins denses concentrent une part plus importante de seniors. La vente de monte-escalier est ainsi influencée par cette proportion de retraités plus importante dans les espaces ruraux. D’autre part, dans ces zones, les personnes âgées ont tendance à vivre dans des logements plus anciens et souvent moins adaptées au vieillissement et à la perte d’autonomie.
Concernant la concentration de la demande, on retrouve sans surprise une demande plus élevée dans les départements du sud-est (région PACA) et la région parisienne qui concentrent de nombreux seniors aisés mais aussi dans le département du Nord ou la Moselle. Plusieurs facteurs peuvent expliquer la concentration des dans ces deux derniers départements. Une étude de la DRESS (Direction de la Recherche des Études de l'Évaluation et des Statistiques) de 2019 met également en avant la prévalence de la perte d’autonomie chez les plus de 75 ans vivant à domicile dans ces deux départements. Une autre étude de l’INSEE souligne la forte concentration de personnes de plus de 60 ans en perte d’autonomie (17,3 %) dans le Nord. Pour la Moselle, la configuration des logements ainsi que les dispositifs de soutien pourraient également entrer en jeu.
Sources :
drees.solidarites-sante.gouv.fr/sites/default/files/2020-08/dd34.pdf
www.cairn.info/revue-retraite-et-societe1-2005-2-page-23.htm
www.cairn.info/revue-population-et-avenir-2005-5-page-15.htm
drees.solidarites-sante.gouv.fr/sites/default/files/2020-08/dd34.pdf
www.insee.fr/fr/statistiques/2867316
www.insee.fr/fr/statistiques/2867316